Retour sur Coarraze et les coarraziens

À la fin du Moyen âge, Coarraze est un lieu « défensif » qui domine le gave à l'extrémité Est du Béarn. C'est un village féodal groupé au pied du promontoire où sera construit le premier château vers le 14ème siècle. Contrairement aux bastides voisines - Nay (1302) - Montaut (1308) - Lestelle (1335) - qui peuvent s'administrer elles-mêmes car elles ont obtenu des franchises du vicomte de Béarn, qui espère ainsi contribuer au développement économique de la vicomté, Coarraze reste sous l'autorité du seigneur. Nous n'avons que peu d'éléments sur Coarraze du début du XIVe siècle, cependant nous savons que les maisons sont en bois, en torchis ou en pisé, avec des toits de chaume. Le dénombrement des habitants de Coarraze en 1385, fait état de 38 familles, dont les domestiques qui sont sous l'autorité du chef de famille, le « cap d'ostaü ».

Il mentionne en outre un « mestre d’école », ce qui peut paraître surprenant car le « recensement » dans l’ensemble du Béarn n’en cite que 4 autres : à Lacq, Orthez, Navarrenx et Oloron qui sont des cités beaucoup plus importantes… Nous dirons qu’à Coarraze, la promotion culturelle… est une vieille histoire ! Les Coarraziens ont un statut de serf : ce sont des « questaus » qui doivent payer au seigneur une redevance spéciale, la « queste », et qui sont attachés au domaine seigneurial qu’ils ne peuvent quitter. Le monde paysan cultive le millet et l’orge en alternance avec le blé ; ce n’est qu’un peu plus tard qu’apparaissent le lin et l’avoine. La fin du XIV° siècle voit se créer quelques ateliers artisanaux où l’on fabrique des peignes, des ustensiles de cuisine en bois, activités qui complètent les ressources de l’agriculture et de l’élevage. Cette fabrication de peignes, importante, est mise en exergue par Léon Godefroy qui écrit : « J’ai appris depuis mon retour qu’en ce village force peignes et iceux de fort belles sortes partent même vers Paris et Bayonne, dans de grands vaisseaux. » Dès le XVI° siècle apparait à Coarraze le tissage de la toile de lin, puis des étoffes de laine. Le métier à foulon, dont le châtelain de Coarraze à la propriété, est un procédé mécanique qui permet le foulage des étoffes.

Concernant l’administration communale, les villageois ont un rôle important dans la gestion de la communauté et de la justice locale, avec la possibilité d’élire des jurats. Il existe une véritable charte féodale qui régit les droits et obligations de chacun (Fors de Béarn qui n’ont été abolis que par la révolution de 1789. D’une manière générale les jurats (4 à 6 par village) sont choisis sur une liste de candidats, cependant à Coarraze la féodalité reste vivace, et c’est le seigneur lui-même qui nomme les candidats de son choix, et qui a le pouvoir de les révoquer à sa convenance. Le corps de communauté est aussi composé de députés et de gardes élus qui disposent d’un pouvoir exécutif et qui recouvrent les impôts. Jurats, députés et gardes constituent le Conseil du village.

Au cours des XVII et XVIII° siècles se retrouvent régulièrement dans le corps de communauté, les Embarbe, Betboy, Forti de Tisné, Rimbaut, Claverie, Latapie, Labau, Hounieu, Talamon… En 1781 le recensement de Coarraze fait état de 326 familles. Le recensement ne mentionne que le chef de famille, les femmes n’y figurent pas. Il n’y a pas de recensement individuel, la famille domine au détriment de l’individu, alors même qu’on dénombre les paires de boeufs et de vaches….

À la veille de la révolution française, Coarraze comprend 10 quartiers :
– 4 au village : le bourg, la rue Longue (J d’Albret), la rue Bialedessus (rue St Vincent), la rue Bialedessous (rue de Bénéjacq).
– 6 au hameau : Serrecaüde, Pied de la Forêt, Saramedaa, Bourdalat Dessus, Boudalat Dessous et Labatmale. Labatmale fait effectivement partie intégrante de Coarraze, sauf en ce qui concerne la paroisse qui est autonome depuis une quarantaine d’années. Avec la révolution disparaissent la féodalité, la baronnie et la seigneurie. Le retour de la monarchie en 1814 voient se succéder au château, des visites de la famille royale, l’image d’Henri IV, élevé parmi les paysans étant restée très positive : Duc d’Angoulème, neveu de Louis XVIII (23/07/1814), Talleyrand (01/08/1817), Duchesse de Berry, belle fille du roi (20/07/1828), Duc et duchesse d’Orléans (27/09/1839), Duc de Montpensier , fils cadet du roi(26/08/1843), Duc et duchesse de Nemours, autre fils du roi (24/08/1845)… La municipalité de l’époque présidée par le maire Jean Palengat avait créé pour accueillir ces visiteurs princiers, un « arc de triomphe ». C’est le 12 mai 1848 que le Conseil municipal et son maire jean Palengat donnent leur adhésion franche et sincère au gouvernement républicain. Coarraze se ralliait ainsi à la République. Nous terminerons ce « Retour sur Coarraze » par une citation du dernier seigneur de Coarraze – le baron de Bouilhac – qui disait parlant des Coarraziens : « voilà un animal qu’il vaut mieux se garder de frotter à contrepoil » On disait également des Coarraziens : « los yents de Coarrasa : gentz simples, manestraus e labradors » mais n’oublions pas qu’ils étaient aussi, fiers et « batailleurs » : « yent de Coarraze, de hoec et de brase… »

Les premiers villages du piémont béarnais ne sont guère antérieurs au XIe et XIIe siècles, période de la création de la seigneurie de Coarraze. Les Raymond Arnaud de Coarraze qui se sont succédés seraient issus d'une branche cadette des Ducs de Gascogne. Il est vrai qu'à cette époque-là, le Béarn dépendait du duché de Gascogne, et ce n'est qu'à partir du XII° siècle qu'il s'en est détaché et qu'il a installé sa capitale à Morlaàs. Ces seigneurs de Coarraze, présents à la Cour Majour qui regroupe les principaux vassaux du vicomte de Béarn, vont figurer parmi les premiers barons du Béarn, en 4ème position après Navailles, Andoins et Lescun. Cette famille donnera aussi 3 évêques à Tarbes au cours des XIIe et XIVe siècles.

Raymond Arnaud de Coarraze, seigneur d’Aspet est le premier baron dont on trouve le nom dans les annales du Béarn.
Il est l’un des héros de la première croisade et prend part à côté de son suzerain à la prise de Jérusalem en 1099. Il participe aussi à la croisade contre les Maures d’Espagne et se trouve au siège de Saragosse en 1118.
Raymond Arnaud II son fils lui succède
Raymond I : il figure parmi les membres de « la Cour Majour » de Béarn. ; il est du nombre des vaillants chevaliers qui partent combattre en Espagne contre l’Islam.
Arnaud I de Coarraze
Raymond Arnaud III
Arnaud II, Membre de la cour Majour entre 1257 et 1292
Raymond Garsie : il est mentionné parmi les seigneurs de Gascogne que le roi d’Angleterre Édouard Ier convoque en 1294 pour servir sous ses ordres dans la campagne franco-anglaise de 1293-1297.
Certains ne répondent pas à l’appel comme le comte de Foix, Roger Bernard et sans doute le baron de Coarraze car on ne trouve pas son nom parmi les seigneurs béarnais ayant apporté leur aide aux troupes anglaises.
Raymond Arnaud IV de Coarraze : il est sollicité par le roi d’Angleterre pour s’enrôler sous sa bannière entre 1320 et 1324 mais les sollicitations ne le touchent pas puisqu’il combat dans les rangs français au cours de la campagne qui constitua les débuts de la guerre de cent ans. En 1338, il participe à a prise de Tartas sur les Anglais, à côté de son suzerain, Gaston II de Foix. En 1345 il rend hommage à Gaston Phébus en prêtant serment de fidélité. À la suite d’un procès avec un clerc de Catalogne à Avignon devant le pape, ce dernier le menace de représailles et trois mois après un esprit frappeur dénommé « Harton » fait son apparition à Coarraze. Celui-ci prévient le seigneur des grands évènements du monde avant tout le monde. Cela dure 5 ans et est rapporté dans les chroniques de Froissart. C’est lui qui a édifié l’ancien château de Coarraze et l’actuelle tour, vers 1350. Une rue de Coarraze porte son nom.
Raymond II de Coarraze
Il participe avec trois cent chevaliers gascons et béarnais à la bataille d’Aljubarrota entre Jean I de Castille et Jean I de Portugal le 15 août 1385 au cours de laquelle tous trouvent la mort.
Raymond Arnaud V de Coarraze
Il apparaît au premier plan en 1391 lors des obsèques de Gaston Phébus en tant que baron du Béarn.
Bernard III de Coarraze
Il figure en mai 1414 à Orthez dans une cérémonie funèbre en l’honneur du comte de Foix Archambaud, en présentant l’offrande (le casque du défunt).
Raymond Arnaud VI de Coarraze
Après la mort de son frère Bernard III, il devient baron de Coarraze en 1428. Il défend Orléans, est blessé le 31 octobre 1428 au boulevard des Tourelles au cours d’un assaut infructueux des anglais. Le 29 avril 1429, les chroniqueurs signalent que derrière Jeanne d’Arc venait le Béarnais Raymond Arnaud de Coarraze. Il participe à plusieurs luttes qui mirent fin à la guerre de cent ans en chassant définitivement les Anglais de Guyenne et de Gascogne, et y joue un rôle important par sa bravoure et son courage.
Il prend également part au siège de Dax pour chasser les Anglais de la ville (1442), de Mauléon et de Guiche en 1449, et participe au siège de Bayonne en 1451.
Marié trois fois après deux veuvages, il a deux filles de sa troisième épouse : Catherine son héritière et Jeanne. Il meurt en 1464.
Catherine de Coarraze : héritière par son père de la baronnie de Coarraze, elle épouse en 1446 Mathieu de Foix, comte de Comminges et a trois filles :
Jeanne de Foix qui épouse en 1461 son cousin Jean de Foix,
Marguerite qui épouse en 1471 Antoine de Bonneval, chambellan de Louis XI,
Jeanne de Foix (même prénom que sa soeur).
Jeanne, l’aînée, a un fils Gaston de Foix. Sa grand-mère Catherine le désigne héritier de la baronnie de Coarraze dans son testament du 15 avril 1492. Il a alors 25 à 30 ans. On sait qu’il vivait depuis longtemps auprès de sa grand-mère à Coarraze.
Gaston de Foix, le « baron brigand » : cousin de la reine de Navarre, il est malheureusement connu pour ses brigandages, vols, assassinats, otages, guet-apens, abus de pouvoir et débauche. Il faisait constamment des travaux d’agrandissement et d’embellissement, de fortifications nouvelles. Il payait ses ouvriers avec des coups et les obligeaient à travailler sous la terreur. Les religieux de la commanderie de saint Christophe disaient que c’était le « refugium peccatorum orbis » « le refuge de tous les pêcheurs du monde ». Plusieurs fois il est condamné par le tribunal de Béarn mais menace celui-ci de porter l’affaire devant le parlement de Toulouse dépendant de la couronne de France et par cet acte menaçant l’indépendance du Béarn. Il finit par être condamné par contumace en 1506 s’étant enfui en Languedoc. La sentence fut grave puisque le baron félon fut condamné à la peine de « ravage » châtiment terrible qui ordonnait la destruction totale du château et de ses terres : château brûlé, terres et champs ravagés et arrachés. En Août 1506 une expédition militaire prend d’assaut le château et après une nuit de bataille parvient à prendre possession du château et le brûle entièrement. La population, excédée, ne fut pas tentée de prendre la défense du baron, et au contraire, prêta assistance aux troupes des souverains du Béarn.
La baronnie passe ensuite entre les mains des Bonneval
Germain de Bonneval : c’est en fait le cousin germain de Gaston de Foix. Il est conseiller et chambellan de François 1er, l’un de ses favoris, gouverneur du Limousin. Il devient donc baron de Coarraze et fait reconstruire le château en 1520. Il tombe mortellement blessé à la bataille de Pavie, le 25 février 1525, bataille à l’issue de laquelle François 1er est fait prisonnier.
Arès sa mort, la baronnie de Coarraze est acquise par Étienne d’Albret-Miossens :
Étienne d’Albret-Miossens
Celui fait restaurer le château dans un style renaissance dont il ne reste aujourd’hui que le portail sur lequel on peut lire l’inscription suivante : « lo que a deser no puede faltar ». Il fait son testament le 21 avril 1536 au château de Coarraze.
Son fils Jean d’Albret-Miossens lui succède. Il épouse en 1535, Suzanne de Bourbon, dite Madame de Miossens, dont une rue de Coarraze porte actuellement son nom. C’est à lui et à sa femme que la souveraine du Béarn confiera l’éducation de son fils, Henri de Navarre qui devint plus tard le roi de France Henri IV.
Le mythe de l’éducation du jeune Henri, élevé durement au pied des montagnes parmi les petits paysans, doit être relativisé : en effet, on retrouve Henri en 1557 à Nérac auprès de sa mère, à l’âge de 4 ans. Mais ce court passage d’Henri IV va permettre à Coarraze de célébrer le souvenir de ce grand roi élevé à l’ombre de son château.
« Pau lui donna la naissance, Coarraze en eut le soin L’éleva et le nourrit Et lui donna l’esprit » C’est ainsi que s’exprimait Léon Godefroy lors de son passage à Coarraze « Ce qui aide à rendre ce lieu considérable, est qu’Henri le Grand y fut nourri et élevé, comme ayant été trouvé l’un des lieux les plus propres qui fut pour sa distance de Pau qui n’est que de trois lieues. » C’est ainsi que s’amplifia le mythe de l’éducation de notre bon roi Henri.
Succèdent à Jean d’Albret Miossens :
Henri I d’Albret-Miossens (1560-1600) son fils ;
Henri II d’Albret-Miossens qui est mort à Pons en Charente Maritime en 1650.
François Alexandre d’Albret
Charles-Amendieu d’Albret qui meurt sans postérité de son mariage en 1662 avec sa cousine Marie d’Albret.
Marie d’Albret hérite de la baronnie et se remarie en 1683 avec Charles de Lorraine et lui lègue tous ses biens par testament en 1692. Le château est incendié par la foudre en 1684.
Charles Louis de Lorraine
Celui-ci se remarie et a des enfants mais vend la baronnie le 11 octobre 1722 à Jean Jacques de Monaix
Jean Jacques de Monaix
Il fut directeur de la Monnaie à Pau. Il possède les terres de Coarraze jusqu’à sa mort en 1728 et laisse comme héritier son neveu, Jean de Montaut.
Jean de Montaut
Le 4 mai 1728 il est reçu aux états de Béarn en qualité de baron de Coarraze. Il est conseiller au Parlement de Navarre et garde des sceaux. Vers 1750, sur les ruines de l’ancien château, il fait reconstruire la belle demeure que nous connaissons et qui domine le gave.
Il pose un écusson sur le fronton du château avec ses armes « cartouche de gueules au lion rampant, au chef d’azur, chargé de trois étoiles, timbré d’une couronne de comte » qui est gratté à l’époque de la révolution française. Il vend le 22 janvier 1774 la seigneurie de Coarraze pour 400 000 livres à Charles Théophile de Boeil.
Charles Théophile de Boeil
Celui-ci est colonel d’infanterie et demeure à Paris. Marié à Thérèse Charlotte de Saget, il a plusieurs enfants. L’achat de la baronnie a été fait par les deux époux et à sa mort, son épouse vend sa part indivise à Messire Pierre de Bouilhac, le 14 octobre 1784.
Après la révolution, la baronnie et la seigneurie de Coarraze disparaissent, et on va voir se succéder divers châtelains :
Pierre de Bouilhac
Celui-ci veut acquérir la totalité du domaine et après des démêlés judiciaires avec une mise en adjudication le 18 décembre 1789 au Chatelet de Paris, obtient gain de cause pour un montant de 410115 livres.
Il y fixe sa résidence dans les dernières années de la révolution et y vit pendant la première moitié du XIXe siècle. Il a un fils unique Auguste qui meurt à Coarraze le 27 août 1826 à l’âge de 43 ans.
Les héritiers du baron Pierre de Bouilhac décédé 15 juillet 1826 à 80 ans, vendent le château à un magistrat de Pau, Jean Louis Dufau, pour la somme de 265 500 francs.
Parlant de la ténacité et de la personnalité des Coarraziens,
le vieux baron Pierre de Bouilhac disait :
« Voilà un animal qu’il vaut mieux se garder de frotter à contre-poil »
Jean Louis Dufau
Né à Pau le 17/11/1785 d’une vieille famille parlementaire – son père Pierre Dufau est avocat et Président de la Chambre à la Cour d’appel de Pau – il suit la carrière paternelle et devient avocat général auprès de la Cour impériale de Pau. Il est élu Député des Basses-Pyrénées de 1831 et est réélu en 1834. Nommé procureur général auprès de la Cour de Pau, il renonce à se présenter à la députation au cours de laquelle il se signale par un rapport sur la proposition relative à l’abolition des majorats (ensemble de biens fonciers ou mobiliers produisant un revenu fixé en fonction du titre de noblesse). Les majotrats seront supprimés par la loi du 12 mai 1835. Membre du conseil des Basses-Pyrénées pendant plus de 20 ans, il devient maire de Pau de 1852 à 1855 Il meurt le 1er juin 1859 à Pau dont une avenue porte son nom depuis 1860.
Il a plusieurs enfants dont Louis Henri Dufau
Louis Henri Dufau (1825-1871)
Il est Auditeur puis Maître des requêtes au Conseil d’État. Marié à Marie Saturnine de Boyer de Montaigut il a un fils Joseph Pierre-Louis de Dufau.
Par jugement des 2 avril et 4 novembre 1886, le tribunal de Pau, ordonnant la rectification de plusieurs actes d’état civil, autorise les membres de la famille Dufau, à porter désormais le nom de de Dufau.
Louis Henri Dufau épouse Marie Thérèse d’André, de Toulouse et ils ont comme fils Bernard de Dufau de Maluquer
Bernard de Dufau de Maluquer : né le 20 août 1903 à Coarraze, il épouse le 1er mai 1929 Marie Christine de Navailles-Labatut
À son décès accidentel en 1979, il laisse 4 enfants :
Henry de Dufau, né le 15 mai 1930, décédé le 28/03/2006
Migueline de Dufau, née le 15 avril 1931
Louis de Dufau, né le 23 décembre 1932
Pierre de Dufau, né le 5 octobre 1941

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Raymond Pierre Penne, né à Coarraze le 18 novembre 1770, Général de brigade de la grande armée de Napoléon 1er Dragon dans le régiment Colonel-Général (5e) le 23 août 1788, il passe comme lieutenant le 3 septembre 1792 dans le bataillon de volontaires de Paris, où il devient capitaine le 29 novembre suivant. Il fait les guerres de 1792 à 1793 à l’armée de Sambre-et-Meuse. Capitaine de grenadiers le 26 floréal an II dans la 59e demi-brigade de bataille, devenue 102e de ligné le 11 ventôse an IV, il se fait remarquer dans tous les engagements que son corps eut à soutenir, et est souvent cité à l’ordre de l’armée. On lit le passage suivant dans un rapport officiel adressé au Comité de salut public par le général Jourdan : « Dans la nuit du 19 au 20 fructidor an III, les grenadiers réunis de la division Championnet, aux ordres du général Legrand, passèrent le Rhin en présence de l’ennemi. Dès que les Autrichiens aperçurent notre petite flottille, ils dirigèrent sur elle un feu terrible d’artillerie et mousqueterie sans pouvoir arrêter l’audace de nos soldats. Le capitaine Penne, arrivé le premier sur la rive droite avec 15 hommes, se met à leur tête, fait battre la charge, repousse dans le bois, à la baïonnette, la colonne qui lui était opposée, et s’empare d’une batterie armée de 4 pièces de canon. » Il sert aux armées d’Allemagne et du Danube pendant les ans VI et VII, et en Italie de l’an VIII à l’an XI. Il y reçoit, le 23 pluviôse an IX, les épaulettes de chef de bataillon. Major du 106e régiment le 30 frimaire an XII, et membre de la Légion d’honneur le 4 germinal suivant, il commande, pendant les campagnes de la Grande Armée, de l’an XIV à 1806, un régiment de grenadiers réunis faisant partie du 2e corps. Placé en 1807 à la tête d’un régiment de grenadiers et voltigeurs réunis, il fait la guerre en Pologne, et est nommé, le 25 décembre de cette année, colonel du 112e régiment.

En 1809, il combat en Italie et en Allemagne, et Napoléon Ier lui donne la croix d’officier de la Légion d’honneur le 27 juillet de la même année, et le titre de baron de l’Empire le 15 août suivant.
Général de brigade le 6 août 1811, et employé le 30 du même mois dans la 23e division militaire, il reçoit l’ordre, le 26 juin 1812, de rejoindre la 4e division d’infanterie de la Grande Armée. L’Empereur l’attache, en août suivant, au grand quartier général.

Commandant de la Légion d’honneur le 18 juin 1813, et détaché peu de temps après au corps d’observation de l’Elbe, il reçoit, le 21 août, en avant de Lowemberg (Silésie), un coup de feu qui lui fracasse la rotule du genou droit. Il rentre en France pour soigner sa blessure.
Louis XVIII le nomme chevalier de Saint-Louis le 30 août 1814.
Au retour de Napoléon de l’île d’Elbe, il obtient le commandement de la 21e brigade d’infanterie, à la tête de laquelle il reçoit une mort glorieuse, le 18 juin 1815, à l’attaque dirigée par lui sur les hauteurs de Bierge (Waterloo). Il y est tué par un boulet de canon. Son nom figure sur le côté Nord de l’arc de triomphe Place de l’Étoile.

Bernard Larrousse, lieutenant-colonel de la garde impériale, Chevalier de l’Empire
Il est né à Coarraze le 10 juin 1770. Il fait les campagnes de 1793, et se fait remarquer à la bataille de Lotano (Italie). Il monte le premier à la tête d’une compagnie de grenadiers et est fait lieutenant en récompense de son action d’éclat. Il entre dans la garde consulaire, participe aux batailles d’Austerlitz, Iéna, Eylau et Friedland, et est nommé Chevalier de l’Empire, puis Major. En Espagne, il se distingue en 1813 en montant à l’assaut d’une place forte. Il meurt à Coarraze le 13 juillet 1830, à l’âge de 60 ans.

armoiries

Raymond-Arnaud, baron de Coarraze décrit ainsi ses armes : « d'or à deux brebis passantes de sinople, accornées et clarinées d'argent ». Coarraze village authentique au pied des Pyrénées.

Le village béarnais de Coarraze se situe au pied des Pyrénées, dans le département des Pyrénées Atlantiques – région d’Aquitaine – à mi-chemin entre Pau et Lourdes (20 kms). Dans son ouvrage « Le guide du Béarn », Louis Laborde-Balen écrit : « Comment aborder une description de Coarraze ? La commune est complexe, c’est d’abord une grosse bourgade rurale…, c’est aussi devenu une agglomération industrielle, avec plusieurs usines, en particulier de tissages et de meubles, tradition qui a abouti à la création d’un lycée technique d’ébénisterie ». Ancien village de tradition rurale et ouvrière, Coarraze s’est appuyé pendant longtemps sur le travail du bois et le tissage du linge « dit basque ». Mais depuis une vingtaine d’années, la concentration des activités industrielles, la concurrence étrangère, et la délocalisation du travail ont eu des incidences néfastes pour les industries Coarraziennes. Ainsi, des activités traditionnelles industrielles, ne subsistent plus que quelques artisans du bois et du tissage. Cette spécificité du village, a débouché sur la création et – tout récemment – la rénovation du Lycée professionnel, axé sur les métiers de l’ameublement (ébénisterie, tapisserie, marquèterie…), ce qui permet de pérenniser ces activités traditionnelles, tout en contribuant à favoriser le développement du village. Les activités artisanales et industrielles ont été étendues et consolidées par la création :
– d’une zone industrielle (Monplaisir),
– d’une zone artisanale (Tournier)
– d’un pôle commercial, par l’implantation d’une galerie marchande qui complète utilement les surfaces de vente.
L’expansion économique relativement récente a été favorisée par plusieurs critères :
– volonté affirmée de la municipalité d’axer ses efforts sur le développement économique
– population qui évolue de façon sensible (de 2.000 à 2.300 habitants entre les 2 recensements) alors qu’elle était restée relativement stable depuis 30 ans,
– voie rapide Pau / Coarraze
– rénovation et/ou constructions d’équipements publics : écoles, salles des sports, caserne des pompiers, salle des fêtes, Maison de l’Ado…
– développement des services : services de santé, médecine du travail, Service de Soins d’Infirmiers à Domicile, service d’aides ménagères, relais d’assistantes maternelles…

2ème commune par ordre d’importance démographique des 2 cantons de la Plaine du Gave, Coarraze est située à proximité de sites touristiques importants :
– 20 kms de Pau, dont les attraits ne sont pas à démontrer,
– 20 kms de Lourdes, deuxième ville hôtelière de France,
– 30 kms de Tarbes
– 5 kms de Bétharram dont son sanctuaire et la Chapelle de Michel Garicoïts ont fait la renommée.
– 7 kms des grottes de Bétharram, mondialement connues.
Son positionnement géographique central par rapport à ces lieux extrêmement fréquentés, fait de Coarraze une commune attirante, profitant de nombreux avantages procurés par :
– la proximité des bastides voisines : Asson, Bruges, Montaut, Lestelle, Nay,
– de nombreux musées (musée du béret à Nay, musée du foie gras à Bénéjacq, sans oublier la Maison Carrée à Nay avec ses trois étages de galeries voûtées donnant sur une cour intérieure, de type Renaissance,
– les infrastructures routières qui situent la commune sur un lieu de passage privilégié, au carrefour des routes inter-valléennes (Hautes Pyrénées, Ossau, Aspe)

Coarraze appartient au canton de Nay-Est et à l’arrondissement de Pau. Habitants de Coarraze : les Coarraziennes et les Coarraziens.
Population : 2308 habitants
Superficie du territoire : 15 km²
Altitude : 258 m (mini) – 450 m (maxi) Latitude : 43,166667 Longitude : – 0,233333
Code Insee : 64191
Code Postal : 64800

À Coarraze, depuis des siècles, chaque famille possédait au moins une quenouille, un rouet pour les fils de laine. Les métiers à bras pour tisser la laine et le lin étaient très nombreux : on en compte 150 dans les années 1850.

La filature Eberlé à Coarraze
C’est en pleine période d’essor industriel en France que s’installe en 1843 à Coarraze une filature de coton, de type industriel, créée par un technicien alsacien, Joseph Eberlé, qui s’était auparavant (en 1839) associé à Joseph Lombré (tissage de coton à Mirepeix), mais qui très vite décide de créer sa propre entreprise de filature. Spécialisée dans la fabrication du coton filé, du coton cardé et de l’ouate, la filature emploie 50 ouvriers dont 31 femmes, en 1852. et produit 300 kg de fil par jour. Dans l’obligation de se développer pour faire face à la concurrence, dont les filateurs de Nay, Mirepeix et Bourdettes, Joseph Eberlé est dans l’obligation de s’installer à Igon après l’achat du moulin à farine dont la chute d’eau est beaucoup plus importante qu’à Coarraze. La modernisation sera favorisée par un jeune ingénieur, Eugène Bruckert , lui aussi alsacien, qui deviendra son associé. Quelques années plus tard et après le décès de Eberlé, Bruckert reprendra en 1891 les 3 filatures de Mirepeix, Bourdettes et Igon, qui deviendront en 1919 : « L’industrielle textile des Pyrénées ». Eugène Bruckert, propriétaire d’une belle maison à Coarraze – La Palmeraie – assure la fonction de maire de la commune de 1880 à 1889.

Les tisserands de Coarraze : « les tisnès »
Avec ces 1782 habitants en 1866, Coarraze compte beaucoup de tisserands (18 « petits » patrons » avec 370 ouvriers qui travaillent sur leur métier en bois dans des conditions parfois difficiles. A cette population ouvrière s’ajoutent de nombreux tisserands qui travaillent chez eux dont certains ont créé leurs tissages, à l’image de Cherbé.
S’ajoutent 78 exploitations agricoles, de nombreux artisans (charrons, maçons, cordonniers, scieurs de bois, épiciers, cabaretiers, sans oublier les nombreux menuisiers dont l’activité principale consiste à construire et réparer les métiers en bois des tisserands. Lorsque les métiers en bois ont été remplacés par du matériel en métal, les menuisiers se sont reconvertis dans la fabrication de meubles qui fera au XXe siècle la réputation de Coarraze.

La Gare SNCF de Coarraze-Nay
À partir de 1864 est envisagée la création d’une ligne Bayonne/Toulouse, passant par Pau. Rappelons qu’en 1850 le réseau ferroviaire français est inférieur à 300 kms. La gare est initialement prévue à Clarac, mais devant les difficultés posées par les riverains, Coarraze, qui a posé sa candidature, sera retenu, grâce au châtelain, Henri de Dufau, maître des requêtes au Conseil d’Etat. Le « fair play » des Coarraziens vis-à-vis de leurs premiers voisins n’étant pas à démontrer, la gare prend donc le nom de Coarraze-Nay. Le premier train de marchandises s’arrête en gare de Coarraze-Nay (Nai pour les parisiens) en date du 15 janvier 1868. C’est donc vers 1865 que se sont installés à Coarraze de nombreux ouvriers qui sont venus de « l’extérieur » pour travailler à la construction du chemin de fer qui va grandement favoriser l’entrée de Coarraze dans l’ère industrielle.

Les tissages Bégué-Tournier
Ce projet est directement lié à l’arrivée du chemin de fer. En 1864, l’entreprise Bégué-Tournier de Bizanos, envisage de s’installer à Coarraze au lieu-dit « Saligat » du fait de nombreux atouts liés au site et qui doivent lui permettre d’augmenter les capacités de production (proximité du gave, chute d’eau importante, construction d’un nouveau canal, terrains plus importants). Devant les réticences de certains conseillers municipaux (problèmes de bornage, d’utilisation du canal pour les Coarraziens…) la convention n’est signée qu’en 1869, et l’approbation du Préfet intervient en 1871. L’usine est construite entre 1872 et 1879 par l’entreprise Bérilhe de Coarraze qui vient de terminer l’agrandissement de l’église. Nous noterons au passage que Charles Bérilhe a exercé le mandat de Maire de Coarraze de 1889 à 1892.

Le développement industriel
Très rapidement les Etablissements Tournier qui vont utiliser jusqu’à 180 métiers à tisser et autant d’ouvriers, vont moderniser leur technique grâce aux métiers à vapeur, et vont diversifier leur production : tissage du lin (le plus important de la région, blanchisserie, teinturerie, puis tissage du coton. En 1880 les tissages Tournier sont considérés comme un des plus importants du département, d’autant qu’ils sont les seuls à travailler le lin dans la région. A la veille de la guerre, l’entreprise qui est en pleine expansion, produit 100 kg de coton et de lin par jour, auxquels s’ajoute une importante production de mouchoirs, coutils, toiles de Béarn en pur fil de lin, toiles pour sandales et enfin le linge basque. Les débouchés sont nombreux (hôtels de la Côte Basque, villes thermales des Pyrénées, Afrique du Nord, Proche Orient et Afrique occidentale française. C’est Ernest Pous, ingénieur polytechnicien, qui succède à son beau-père à la tête de l’entreprise.

Les établissements Navarre
En 1880, Ulysse Navarre crée à Coarraze une usine de fabrication de meubles. Regroupant très vite une centaine d’ouvriers menuisiers, tourneurs (très nombreux à Coarraze comme évoqué plus avant) elle devient la première des grandes fabriques de meubles de la région. Elle suscite en outre la création de quelques ateliers artisanaux : Minvielle en 1889, Poque, artisans qui vont travailler en relation avec l’entreprise Navarre. Au début du XX° siècle, elle emploie 150 ouvriers et produit entre autres meubles, jusqu’à 200 chambres à coucher par mois. La guerre contraint l’usine à limiter sa production (manque de main d’oeuvre masculine) et en 1918 le neveu d’Ulysse Navarre, Jean Duhourcau prendra la direction de l’entreprise Navarre en s’associant avec Pierre Irigaray et Jean Guichou. Jean Duhourcau devient Maire de la Commune de 1944 à 1947.

En 1920 les 2 entreprises – Tournier et Navarre – emploient plus de 300 ouvriers, en majorité des Coarraziens. L’entreprise Tournier a eu un rôle non négligeable quant à la formation et à l’ambition de certains de ses cadres et ouvriers qui sont devenus plus tard chefs d’entreprise : Henri Andureu, comptable chez Tournier, s’associe avec Lasportes, fils du chef de fabrication, pour créer l’usine des Tissages Lasportes laquelle rivaliser d’ailleurs en importance dans les années 1960 avec les Ets Tournier. Les 3 fils d’Henri Andureu – Raymond, Georges et René – créent ensuite leurs propres entreprises textiles à Coarraze et Mirepeix, permettant de maintenir la tradition du linge basque Abdon Minvielle, responsable des magasins généraux devient dirigeant d’une importante fabrique de meubles « Minvielle et Cabanne », usine qui atteint en 1950 – 1970 une importance jusqu’alors inégalée à Coarraze. Grâce à la renommée nationale et internationale de ces 2 usines, dans les années 1950 – 1960, on évoque Coarraze comme « La cité du meuble et du textile ». Coarraze, village d’ouvriers et de paysans, avait réussi son entrée dans l’ère industrielle.